La vision pure et le processus pour qu’un changement s’opère au niveau de notre façon habituelle d’envisager les choses étaient au cœur de l’enseignement donné par lama Jigmé Rinpoché lors du cursus d’étude et de méditation du cycle Chenrezik, qui s’est tenu à Dhagpo Kagyu Ling du 15 au 19 octobre 2025.
Parce que notre vision est colorée par les obscurcissements affligeants, par nos tendances samsariques, notre esprit s’oriente dans une direction qui nous empêche de rester au contact de notre véritable nature – notre potentiel de sagesse, notre nature de bouddha. L’apprentissage du Dharma offre des références qui permettent de comprendre ce fonctionnement ; il appartient ensuite à chacun de « faire le travail » pour identifier les événements de l’esprit qui s’élèvent.
Jigmé Rinpoché, qui guide ce cursus à raison de trois stages par an depuis octobre 2018, a rappelé aux pratiquants le but de la pratique de Chenrezik : se libérer du mal-être et de l’ignorance, et être utile aux êtres. Si la pratique de Chenrezik nous permet de révéler les qualités des bodhisattvas, encore faut-il savoir demeurer en notre nature de bouddha. Pour cela, il nous faut d’une part comprendre clairement la conscience base de tout – base pour le déploiement de la conscience ordinaire qui est l’aspect confus de l’esprit – , d’autre part comprendre clairement la conscience primordiale qui est l’aspect de sagesse de l’esprit éveillé. Tout le propos de la méditation, explique Rinpoché, est là : réaliser la nature de notre esprit. Sans une solide pratique de la méditation, nous ne pouvons pas accomplir la pratique de Chenrezik correctement.
Il nous faut donc préparer le terrain pour qu’un changement puisse s’opérer quant à l’orientation de notre esprit afin de progresser vers l’état de bouddha : en améliorant notre bodhichitta qui tourne l’esprit vers les autres ; en accomplissant les pratiques préliminaires et en comprenant le sens des mots. Jigmé Rinpoché a notamment utilisé comme exemple la prière à sept branches incluse dans la pratique de Chenrezik :
Réfléchir au sens de chaque mot habitue l’esprit à s’entrainer au discernement qui lui permettra d’adopter naturellement une vision pure et équanime. Toute situation du quotidien est une opportunité pour s’entrainer, à l’instar des bodhisattvas qui utilisent toute situation comme voie vers l’éveil. Par l’union de l’étude, de la méditation et de la pratique de Chenrezik, notre esprit va progressivement et naturellement embrasser une autre façon de voir et d’envisager notre environnement, les autres et nous-mêmes.
La vision pure n’est en aucun cas un concept. Elle ne s’élabore ni ne se crée artificiellement, mais elle va de pair avec le fait de demeurer dans la nature de bouddha. Le cheminement est progressif et s’appuie sur la référence des enseignements du Bouddha.
Chaque après-midi, les étudiants de l’Institut ont continué la restitution du chapitre 2 de l’Abhidharmakosha portant sur les facultés. Du matin au soir, la journée était aussi rythmée par différentes pratiques méditatives.
Dans le cadre des 50 ans de Dhagpo Kagyu Ling, les pratiquants du cursus et des alentours ont aussi pu bénéficier d’une soirée spéciale avec Thinlay Rinpoché. Il a évoqué son cheminement dans le Dharma depuis l’enfance, ses souvenirs du XVIᵉ Gyalwa Karmapa et le sens des nombreuses transmissions du Dharma reçues par Thayé Dorjé, Sa Sainteté le XVIIᵉ Gyalwa Karmapa – transmissions pour lesquelles il était également présent. Ces transmissions sont ininterrompues depuis le temps du Bouddha, et elles véhiculent à la fois la connaissance et la réalisation.


