En mars 1984, le monastère de Kundreul Ling accueillait la première retraite. Parmi les retraitants se trouvait Nicolas H., alors cuisinier. Dès cette première année, il formula auprès de lama Guendune Rinpoché le souhait suivant : construire un stoupa sur le site. « Ça serait bien, dit-il, que nous puissions construire un stoupa à Kundreul Ling, car il n’y a que cinq drapeaux plantés à l’entrée du lieu ». Pour lui, cet endroit était plus qu’un simple centre de retraite : en effet le XVIᵉ Karmapa lui-même y avait séjourné. Et il fallait marquer ce caractère unique par un monument puissant de la tradition bouddhiste.
Au même moment, Thierry C., administrateur du lieu, inquiet de l’état des finances, se rend auprès de lama Guendune Rinpoché et lui explique la situation financière délicate : « Que devons-nous faire, Rinpoché ? Nous avons déjà dépensé presque tout l’argent que nous avions mis de côté pour l’année prochaine. » Guendune Rinpoché répond alors : « Prenez le peu qu’il reste et construisez un stoupa. » Thierry se souvient : « Nous étions grandement surpris : au lieu de nous montrer comment trouver de l’argent, il nous a montré comment en dépenser davantage ! Il a expliqué : “Si vous manquez d’argent, c’est que vous n’avez pas été assez généreux.” Nous avons donc commencé à construire le stoupa. »
Lama Guendune Rinpoché désigna un emplacement précis au nord du site, expliquant que cette zone, considérée comme défavorable, serait ainsi harmonisée par la présence du stoupa.
À cette époque, l’Europe ne comptait que trois stoupas : l’un à Plaige, un autre en construction à Karma Mingyur Ling (Montchardon), et le stoupa de l’éveil édifié par Tenga Rinpoché à Kamalashila, en Allemagne.
Trouver les plans et adapter les normes
« Nous partions de rien », raconte Nicolas. C’est dans un ouvrage du peintre Gega Lama présentant les huit types de stoupas qu’il trouva les dessins avec les proportions canoniques. Il réalisa les plans du stoupa de l’éveil en respectant également les obligations réglementaires : une hauteur maximale de 7 mètres et un volume inférieur à 40 m³. Le stoupa de Kundreul Ling mesure ainsi précisément 6,66 mètres.
Sans Internet, la recherche d’informations passait alors par les livres, le téléphone (fixe) et quelques contacts clés. Nicolas se rendit à Montchardon pour recueillir des conseils auprès de lama Teunzang et de Frédéric C. son assistant. Lama Guendune et lama Thubten du KTT de Laghet donnèrent toutes les indications relatives au contenu du stoupa.
Le stoupa ou chörten, (en tibétain མཆོད་རྟེན།), est un support d’accumulation de mérite.
Tous les retraitants, hommes et femmes, pendant leurs rares moments de pause, furent amenés à fabriquer des tsa-tsas afin de déposer ces figurines représentant le Bouddha à l’intérieur du stoupa. Ainsi furent réalisés :
- 1 000 bas-reliefs de longue vie,
- 300 grandes tsa-tsas,
- 200 petites tsa-tsas décorées de huit stoupas.
À l’intérieur de ces tsa-tsas, furent également déposées des dharanis (ou zung en tibétain).
À partir d’un sapin choisi par lama Guendune Rinpoché, le soshing, mât central ou arbre de vie renfermant des substances sacrées, fut façonné en respectant son orientation d’origine et taillé en quatre faces symbolisant les directions cardinales.
Un chantier collectif
À l’exception du creusement des fondations confié à un artisan, tout fut réalisé sur place : coffrages, ferraillage et béton. Les trois principaux ouvriers, Nicolas H., Jean-Luc B. et Thierry C., travaillèrent ensemble, ces deux derniers pour les approvisionnements de matériaux et Nicolas pour la conception.
Thierry se souvient : « Progressivement, le projet s’est fait connaître et les dons ont commencé à affluer. » Un fascicule simple fut confectionné pour continuer à recueillir des dons. La situation financière générale commença à s’améliorer.
Des étapes rituelles
Chaque phase de construction fut ponctuée par les consécrations et les rituels nécessaires pour que le stoupa soit un support efficient :
- le terrain fut béni par lama Guendune Rinpoché.
- la base reçut un mandala composé d’objets symboliques, vase de richesse, nourriture, herbes médicinales, destinés à protéger les êtres contre famine, guerre et pauvreté.
- les tsa-tsas furent consacrées dans le centre de retraite, puis placées dans le trône refermé par une dalle de béton.
Dans le bumpa, le vase au sommet du stupa, un mandala de Dorjé Sempa et des dharanis furent installés avec des statues et des vases symbolisant les directions et les Bouddhas qui leur sont associés.
Conditions climatiques et finitions
L’hiver précédent en Auvergne avait été particulièrement rude. Cependant les ouvriers menèrent le projet à bien dans les délais qu’ils s’étaient fixés.
Le moule de la flèche, représentant les 10 bhumis, fut réalisé par Bernard D. et servit aussi pour le stoupa de Dhagpo Kagyu Ling en Dordogne. Shedrup assura la finition extérieure, Claude N. fabriqua l’ombrelle métallique surmontée de la lune et du soleil et une entreprise en assura la dorure par électrolyse. La niche fut décorée par Gérard M.
La consécration finale
Début septembre 1986, après plusieurs mois d’efforts communs, la consécration du stoupa fut réalisée par lama Guendune Rinpoché, en présence de lama Thubten, de lama Purtséla et des principaux acteurs du projet.
Le 16 septembre 1986, Künzik Shamarpa scella la consécration du stoupa avec la bénédiction de la lignée dont il était le détenteur. Kundreul ling était désormais doté d’un support de pratique authentique.
Thierry C. se souvient que peu de personnes étaient présentes puisque les retraitants étaient… en retraite. Seuls étaient présents Nicolas H., Jean-Luc B., Thierry C. et quelques personnes de Dhagpo. Shamarpa consacra le stoupa et donna ensuite une bénédiction aux trois personnes ayant œuvré à sa construction en expliquant que construire un stoupa dans sa vie sécurise les vies futures…
Bâtir un support de pratique qui traversera les âges et sera utilisé par des milliers de personnes avec une intention bienveillante contribue à « accroître tout ce qui est bénéfique dans le monde », comme le disait lama Guendune Rinpoché, et ce quelle que soit la taille du stoupa !
Ces photos proviennent de nos archives ou ont été recueillies dans le cadre des recherches pour les 50 ans de Dhagpo Kagyu Ling. Nous n’avons pas pu identifier tous les auteurs. L’utilisation des photos est à titre informatif dans le cadre de la célébration des 50 ans de Dhagpo Kagyu Ling. Leur usage est limité à cette actualité et à notre site et n’est pas à usage commercial
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