En 1977-1978, Rangjung Rikpé Dorjé, Sa Sainteté le XVIᵉ Gyalwa Karmapa se rend pour la seconde fois en Europe. Il retourne dans la plupart des pays où il s’était rendu lors de son premier voyage en Occident en 1974-1975 et il y ajoute trois pays où il se rend pour la première fois : la Belgique, la Grèce et l’Autriche. Le second voyage de Karmapa en Europe a été structuré pour culminer avec la consécration en Dordogne du terrain offert par la famille Benson en 1975.
Le Gyalwa Karmapa parcourt l’Europe dans un bus rouge aménagé par ses étudiants de la première heure : la moitié des sièges ont été retirés et des fauteuils pour Karmapa et son entourage y sont installés. Peints au pochoir sur le flanc du véhicule, figurent les mots Karma Kagyu Trust, du nom de la première organisation établie en Europe par la lignée karma kagyü, et sur le capot du bus se lit l’aspiration suivante :
Que la bannière de la victoire des enseignements kagyüs flotte dans cent directions.
Karmapa loge au château de Chaban, chez la famille Benson. Sur la côte de Jor est érigée une tente, à l’emplacement où devait se trouver le temple (qui finalement sera construit en Auvergne). Du 28 octobre au 2 novembre 1977, Karmapa dirige une semaine d’accumulation de la pratique de Korlo Demchok – l’un des principaux yidams de la lignée –, secondé par le IIIᵉ Jamgön Kongtrul, par lama Guendune Rinpoché, lama Jigmé Rinpoché ainsi que par un entourage de moines spécialisés dans les rituels, ceci en présence de centaines de pratiquants ou de curieux venus de toute l’Europe. Le 2 novembre, à la fin de la semaine, Karmapa, assis sur son siège de pratique, signe officiellement l’acte de donation du terrain, qui appartient désormais légalement à l’association Karma Kagyü Lama, fondée peu de temps auparavant.
Par cette pratique intensive, le XVIᵉ Karmapa prend possession du lieu qui lui a été offert, pour que le Dharma du Bouddha soit accessible au plus grand nombre. En ce jour d’automne, il scelle la bénédiction de la lignée karma kagyü en terre périgourdine. Il nommera l’endroit Dhagpo Kagyu Ling, le Lieu de la Transmission des Enseignements de Gampopa et le désignera comme son siège principal, cœur du réseau européen de la lignée.
Plusieurs siècles auparavant, en 1189, le Iᵉʳ Karmapa, Düsum Khyenpa (1110-1193), accomplit les mêmes gestes et prononce les mêmes paroles, au Tibet, lorsqu’il fonde le siège des Karmapas, le monastère de Tsurphu. Plusieurs siècles et des milliers de kilomètres séparent ces deux événements dont la signification est pourtant identique : ancrer la bénédiction de la lignée karma kagyü en un lieu où elle sera préservée et d’où elle pourra rayonner pour être utile aux êtres sensibles.
Peut-être que la signification des trois termes yidam, lignée et bénédiction échappe à notre entendement de néophytes… Peut-être ces termes résonnent-ils de façon trop intellectuelle à nos oreilles théoricienne. Lors de sa venue dans le cadre des 40 ans de Dhagpo Kundreul Ling le 29 juin 2024, Thayé Dorjé, Sa Sainteté le XVIIᵉ Gyalwa Karmapa, explique le fait que des environnements du Dharma aient pu apparaître et perdurer relève du miracle, le miracle de l’interdépendance et d’un cœur ouvert :
Si nos conditions, si notre environnement, tout en fait peut se produire, ce n’est pas une simple coïncidence, ce n’est pas non plus le destin, ce qui signifie que quelque chose serait prédestiné, mais c’est simplement un miracle, grâce à nos souhaits, à nos aspirations et en même temps aux bénédictions des bouddhas et des bodhisattvas. […] Nous parlons du XVIᵉ Karmapa et de ses aspirations nobles comme d’un plan défini pour nous tous. Le fait qu’il soit venu en Occident peut facilement apparaître comme un plan, comme s’il s’agissait du prochain flambeau porteur d’espoir qui viendrait nous délivrer pour nous emmener ensuite dans le champ pur d’Amitabha ou encore pour faire de ce monde un monde meilleur. Je ne crois pas à cela. Je pense qu’un bodhisattva fait simplement de son mieux, en sachant parfaitement qu’il ne peut pas changer le cours de ce qui est appelé karma, ou le cours du destin, si une telle chose existe. Il sait qu’il ne peut pas le changer. Tout ce qu’il peut faire revient à espérer que tout se passera bien, espérer que quelque chose d’impossible puisse se passer. […] Je pense donc que la raison pour laquelle cette situation est possible, c’est parce que nos prédécesseurs avaient un immense cœur ouvert et c’est ce qui a rendu les choses possibles.
Grâce à son “immense cœur ouvert”, le XVIᵉ Karmapa a planté une graine indestructible en ce lieu. Puisse-t-elle continuer à se déployer et à fleurir indéfiniment.
Ces photos proviennent de nos archives ou ont été recueillies dans le cadre des recherches pour les 50 ans de Dhagpo Kagyu Ling. Nous n’avons pas pu identifier tous les auteurs. L’utilisation des photos est à titre informatif dans le cadre de la célébration des 50 ans de Dhagpo Kagyu Ling. Leur usage est limité à cette actualité et à notre site et n’est pas à usage commercial
Événement
Pour commémorer cet événement :
– 2 novembre : rituel de purification par la fumée
– du mercredi 5 au mardi 11 novembre : accumulation de pratique
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