« Nous souhaitons que ce nouveau bâtiment puisse accueillir toutes celles et ceux qui aspirent à approfondir leur connaissance du fonctionnement de l’esprit, du corps et du monde, que ce soit au travers des enseignements, de l’étude des textes, ou de recherches approfondies», a déclaré Mipham Chökyi Lodrö, Sa Sainteté le XIVe Shamarpa, dans son discours d’ouverture, en présence des représentants de l’État, des collectivités territoriales, des églises catholique, protestante et orthodoxe, ainsi que d’autres traditions bouddhiques.
Dans la philosophie bouddhique, il y a des connaissances importantes qui permettent de clarifier notre discernement. Si nous sommes toujours en mesure de développer cette capacité, alors rien ne peut se dégrader : les droits de l’homme, la paix dans le monde, et même le bonheur ultime pourront être obtenus grâce à notre capacité à évaluer les choses du monde de manière juste.
Cette inauguration marque un pas important vers l’intégration du bouddhisme sur le sol français, guidé par un esprit d’ouverture, de dialogue et de partage. Comme le souligne le sous-préfet de Dordogne le jour de l’inauguration :
Depuis maintenant trente ans, le centre Dhagpo Kagyu Ling accomplit, dans ce cadre harmonieux et simple, sa vocation telle qu’elle lui a été confiée par le XVIe Karmapa. Désormais, avec l’Institut, il offre aux occidentaux un accès facile aux textes fondamentaux, mais aussi l’opportunité de rencontrer des érudits bouddhistes et d’échanger avec eux. » Le maire de Saint-Léon-sur-Vézère, quant à lui, célèbre le « savoir vivre ensemble » du centre et « l’ouverture d’esprit qu’apporte à notre culture locale la pensée bouddhiste. » Il note que « l’inauguration, aujourd’hui, de ce magnifique bâtiment est l’aboutissement d’un long travail et le résultat d’un dialogue constructif avec la municipalité.
En effet, il aura fallu près de quinze ans pour que les causes et conditions soient réunies afin que ce projet puisse voir le jour. Dès la fin des années quatre-vingt, un Institut d’études supérieures en tibétologie devait être réalisé sur la Côte de Jor. Nicolas H., qui travaillait sur la construction d’infrastructures à Dhagpo à sa sortie de la première retraite en 1987, épaule Jigmé Rinpoché pour la conception de ce projet. Ce premier projet est finalement mis en veille pour être repris avec la perspective d’une meilleure intégration dans le cadre naturel. Le terrain de la Côte de Jor, désormais classé, devient inconstructible. Les efforts se recentrent sur le site de Dhagpo Kagyu Ling, à Landrevie, dans les années 90. Un permis de construire est obtenu et les travaux de terrassement sont effectués. En 1998, la conception du projet avance, un permis de construire est déposé et accepté. Du fait d’un sol hétérogène, la construction des fondations se révèle difficile mais le défi technique est surmonté et elles sont finalement réalisées.
Le 15 août 2002, la dalle de ce qui deviendra l’Institut est consacrée par Thayé Dorjé, Sa Sainteté le XVIIe Gyalwa Karmapa, ainsi que par le XIVe Shamarpa, et la première pierre est posée. Cependant, le style architectural tibétain du projet ne fait pas l’unanimité dans la région. En 2006, Jigmé Rinpoché décide de mettre le projet en pause. En 2011, lors d’une intervention pendant l’assemblée générale de Dhagpo, il explique ceci :
Si nous construisons un lieu pour que s’y déploie l’activité de Karmapa, il est important que le projet soit soutenu et accepté par la population locale, et que le développement global soit harmonieux, sinon ce n’est bon pour personne et rien ne pourra vraiment se déployer.
Le projet est alors interrompu pour être révisé et mieux adapté au lieu et aux besoins. Plusieurs années de gestation sont nécessaires. Jigmé Rinpoché a souvent rappelé qu’au-delà du bâtiment lui-même, ce qui est surtout important et source de valeur, c’est ce qui se déploie à l’intérieur.
En 2010, Jigmé Rinpoché demande à Nicolas H. d’être le représentant du maître d’ouvrage pour la construction du futur Institut. François Coq, architecte à Sarlat, est retenu. Jigmé Rinpoché poursuit :
Nous avons changé le projet en travaillant avec un architecte local sur un principe plus adapté. Comme nous nous situons en zone protégée, l’Architecte des Bâtiments de France doit valider le projet. Il n’existe pas de modèle de style périgourdin pour un bâtiment de cette taille.
L’architecte propose un bâtiment qui s’intègre dans l’environnement local, avec deux incontournables requis par Dhagpo : une grande salle de culte et une bibliothèque équipée d’un espace à l’abri des rayonnements solaires pour fournir des conditions de préservation optimales. Les toutes premières esquisses se concentrent sur le toit en forme de vague, inspirées par les collines arrondies du village de Chaban au-dessus de Dhagpo. Le bardage en bois rappelle les hangars à tabac périgourdins. Puis le projet s’élabore collectivement. Une équipe de huit personnes de Dhagpo, constituée pour réfléchir et définir les besoins de la communauté en fonction de l’avenir, se réunit régulièrement avec l’architecte. C’est ainsi qu’au-delà de ses fonctions essentielles – l’enseignement et la bibliothèque – le lieu abrite aussi des espaces pour la gestion de Dhagpo au quotidien : bureaux, salle d’étude, salle de réunion et secrétariat. « Cela aide à une cohésion communautaire. Permettre aux gens de travailler ensemble est l’une des vertus de ce bâtiment », dit Nicolas H. Le bâtiment se construit en deux ans, sans interruption du chantier.
Cette dimension collective est inscrite dans le financement même du projet. L’argent déjà réuni avait été réservé pour le projet. Pour la suite, Jigmé Rinpoché ne souhaite pas faire appel aux banques, mais il souhaite offrir à chacun la possibilité de se relier à l’activité de Karmapa en y contribuant par un don ou un prêt individuel. Une équipe s’occupe de la recherche de fonds, guidée par le mot d’ordre suivant : « L’Institut : un lieu pour tous, construit par tous ». Pari réussi. Des présentations du projet sont organisées lors de grands événements, comme la venue du XVIIe Gyalwa Karmapa en 2012. Des pratiquants du monde entier soutiennent le projet. Tout don, aussi modeste soit-il, est un lien avec l’activité bénéfique des bodhisattvas Karmapa et Shamarpa. L’Institut, dont le coût (avec les aménagements extérieurs) s’élève à quatre millions d’euros, sera entièrement financé en 2018, grâce à l’implication de plus de 4000 personnes et ceci sans aucun emprunt bancaire.
L’inauguration se déroule du 13 au 16 juin 2013. Initialement, Karmapa et Shamarpa devaient tous deux être présents et guider les cérémonies conjointement. Malheureusement, la santé défaillante de Mipham Rinpoché retient Karmapa à son chevet. Shamarpa avec lama Jigmé Rinpoché, entourés de lama Shérab Gyaltsen Rinpoché, Trinlay Rinpoché, lama Teunzang, lama Tréhor et les moines envoyés par Karmapa, assurent le programme de ces journées inoubliables. Shamarpa enseigne un texte fondamental pour les pratiquants de la lignée karma kagyü, Les Prières de souhaits du mahamudra, écrit par le IIIᵉ Karmapa Rangjung Dorjé, et il confère l’initiation de Gyalwa Gyamtso à plus de 1600 personnes. En plus de ce programme chargé de bénédictions, des tables rondes sont organisées ainsi qu’une présentation de l’histoire de la lignée de transmission de l’initiation de Gyalwa Gyamtso.
« Ce bâtiment a été très bien conçu, élaboré par l’équipe de l’époque – il est le reflet de la maturité de la communauté à un moment donné. Il s’est construit en deux ans. Il n’y pas eu d’interruptions du chantier pour raisons financières, techniques ou autres. Tous les éléments étaient rassemblés : les entreprises, les matériaux, l’argent, les forces intellectuelles de réflexion, et donc les choses se faisaient naturellement », dit Nicolas. Il salue le fait que l’Institut rassemble les gens en un seul bâti : bibliothèque, salle de lecture, comptabilité, maintenance, salle d’étude, secrétariat. « Sur un même lieu, les gens se retrouvent, se voient, échangent. Cela aide à une cohésion communautaire. Permettre aux gens de travailler ensemble est l’une des vertus de ce bâtiment. Et quand tout est regroupé sur un même espace, on gagne aussi en coût de fabrication ».
Douze ans après, lors du cursus d’étude et de méditation de Chenrezik en mai 2025, lama Jigmé Rinpoché souligne cette vocation de l’Institut à permettre de partager l’enseignement du Bouddha de manière authentique et de l’apprendre ensemble :
Certaines personnes trouvent du sens à écouter les enseignements bouddhistes ; certaines souhaitent offrir leur contribution en répétant ou en donnant elles-mêmes des enseignements. Cette combinaison participe d’une accumulation de mérite, celle d’amener le Dharma ici, dans cette région du monde. L’Institut développe ses qualités de manière très simple, année après année, ce qui conduit à un résultat vraiment important. Une forme d’aide mutuelle prend place, permettant d’allier l’étude du Dharma et sa pratique, sur la base de l’expérience ; c’est un développement qui prend place naturellement.

La construction du futur Institut
L’nauguration de l’Institut de Dhagpo Kagyu Ling
Ces photos proviennent de nos archives ou ont été recueillies dans le cadre des recherches pour les 50 ans de Dhagpo Kagyu Ling. Nous n’avons pas pu identifier tous les auteurs. L’utilisation des photos est à titre informatif dans le cadre de la célébration des 50 ans de Dhagpo Kagyu Ling. Leur usage est limité à cette actualité et à notre site et n’est pas à usage commercial
Événement
L’arrivée des retraitants à Dhagpo Kagyu Ling ainsi que la consécration de l’Institut seront marquées par une journée de pratique à Dhagpo Kagyu Ling suivie d’un goûter convivial le 13 juin.
Cet événement aura lieu uniquement sur place
Les discours de l’inauguration
Künzik Shamar Rinpoché, Détenteur de la lignée karma kagyü du bouddhisme tibétain
Jean-Guy de Saint-Périer, Président de l’association Dhagpo Kagyu Ling
M. François Bruno, Maire de Saint-Léon-sur-Vézère
M. Jacques Cabanel, Représentant du Président du Conseil général
M. Baptiste Rolland, Sous-préfet de Dordogne
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